La maintenance conditionnelle est une stratégie de maintenance très efficace mais aussi difficile à mettre en place. Ce type de maintenance préventive est dépendant de la surveillance du fonctionnement des équipements, biens ou machines, et requiert donc l’utilisation d’outils adaptés et performants.
Qu’est-ce que la maintenance préventive conditionnelle ?
La maintenance conditionnelle est une forme de maintenance préventive subordonnée à l’état de l’équipement. Elle est donc dépendante de l’expérience et s’appuie sur des informations recueillies en temps réel, ce qui la distingue de la maintenance préventive systématique, effectuée indépendamment de ces informations.
La norme européenne définit la maintenance conditionnelle comme une « maintenance préventive basée sur une surveillance du fonctionnement du bien et/ou des paramètres significatifs de ce fonctionnement intégrant les actions qui en découlent » (extrait de la norme NF EN 13306 X 60-319 de juin 2011). La maintenance préventive conditionnelle est parfois appelée, à tort, maintenance prédictive.
Les paramètres mesurés pour réaliser une maintenance conditionnelle peuvent être, par exemple :
- température et pression ;
- niveau et qualité de l’huile ;
- vibrations mécaniques ;
- tension et intensité électriques.
La surveillance de ces paramètres peut être soit périodique, soit continue.

Un exemple simple de maintenance conditionnelle
Voici un exemple très simple de maintenance conditionnelle : lorsqu’on remplace les plaquettes de freins d’une voiture quand le voyant lumineux correspondant à ce paramètre s’allume sur le tableau de bord.
Pourquoi la maintenance conditionnelle ?
La maintenance conditionnelle est la forme la plus aboutie de la maintenance car elle s’appuie sur l’état réel de la machine. Elle permet de mieux gérer les interventions en fonction de l’état de la machine, de son usure ou de sa dégradation.
Par conséquent, elle permet de choisir le meilleur moment pour réaliser les interventions de maintenance en perturbant le moins possible la production. Par ailleurs, elle évite de programmer des interventions préventives non basées sur l’état réel de la machine, qui ne sont pas toujours nécessaires et entrainent donc des coûts superflus. Elle est donc potentiellement plus rentable que la maintenance préventive systématique.
Comment mettre en place la maintenance conditionnelle ?
Ce type de maintenance peut être très efficace, à condition de l’inscrire dans une démarche collective partagée et de respecter certaines étapes fondamentales.
Les 8 étapes pour mettre en place la maintenance conditionnelle
- Définir les machines critiques dont les pannes entrainent des coûts élevés d’arrêt de production ou des risques pour le personnel, l’environnement ou de non-conformité
- Faire un bilan des pannes et dégradations connues et possibles, grâce à l’historique de maintenance
- Etablir une liste des dégradations observables et déterminer les outils les plus adaptés pour les détecter
- Rechercher et comparer les matériels de détection disponibles, contacter des utilisateurs, les tester sur site
- Calculer la rentabilité économique de la mise en place de ce type de maintenance
- Envisager les éventuels besoins futurs pour choisir des outils évolutifs
- Choisir les bonnes personnes pour gérer la surveillance des équipements concernés (méthode, polyvalence, esprit d’induction…)
- Réaliser un bilan annuel pour mesurer les gains et s’assurer de la rentabilité de la démarche et envisager des améliorations éventuelles.
Le choix des outils
Bien choisir les outils utilisés pour mettre en place une stratégie de maintenance conditionnelle est indispensable. On peut les répartir en 2 catégories.
L’outil informatique de gestion de la maintenance : la GMAO
L’utilisation d’une GMAO performante est indispensable pour adopter ce type de maintenance. En effet, lorsque les plans de maintenance sont gérés dans un fichier Excel, il n’est pas possible d’évaluer les différents scénarios de maintenance, de planifier les interventions ou les budgets ni de surveiller les coûts d’exécution.
Un logiciel de GMAO permet aux responsables de maintenance de planifier, gérer et surveiller les interventions de maintenance à réaliser en fonction des données remontées par les outils de surveillance du fonctionnement des machines.
Pour être en mesure de collecter et d’analyser efficacement ces données pour planifier au mieux les interventions nécessaires, il est nécessaire de disposer d’une GMAO de nouvelle génération compatible avec les technologies telles que les capteurs IoT, très souvent utilisés pour la maintenance conditionnelle. Il est par ailleurs préférable d’utilisation une application de GMAO mobile, afin de faciliter le travail des techniciens de maintenance en leur permettant d’avoir accès à toutes les informations nécessaires pendant leurs interventions. Avec ce type de solution, ils peuvent également remplir les rapports d’intervention dès celle-ci terminée, ce qui favorise la qualité de l’information.

Les outils de surveillance du fonctionnement des machines
Pour qu’une stratégie de maintenance conditionnelle soit rapidement rentabilisée, il est important de choisir du matériel de surveillance fiable, car celui-ci a un certain coût. Les outils choisis doivent aussi être adaptés aux machines sur lesquelles ils seront utilisés. Ils peuvent être de différents types, parmi lesquels on peut citer :
- pour l’analyse vibratoire : contrôleurs de roulement et/ou de vibrations, collecteurs-contrôleurs, collecteurs analyseurs monovoie ou bivoie… ;
- pour l’analyse des huiles : viscosimètre, analyseur photométrique, compteur de particules… ;
- pour la thermographie infrarouge : thermomètres infrarouge, caméras infrarouge…
L’importance de l’adhésion des équipes de maintenance
Pour être efficace, la mise en place d’une stratégie de maintenance conditionnelle doit absolument être bien comprise par les responsables de production et de maintenance et recevoir l’adhésion de tous les personnels impliqués. Les méthodes doivent être le plus standardisées possibles entre les différents secteurs.
Là encore le choix d’une bonne GMAO est donc important, car si la solution choisie est trop complexe à utiliser ou mal conçue, il existe un risque important que les personnels l’utilisent peu ou mal.
La maintenance conditionnelle présente donc des avantages notables pour l’efficacité et la rentabilité de la maintenance. Elle doit néanmoins être mise en place de manière réfléchie et construite, en sélectionnant avec attention les équipements concernés et les outils matériels et informatiques utilisés.