Une VAE après 20 ans d’expérience en maintenance industrielle : « C’est une charge de travail importante, mais qui en vaut la peine »
Mobility Work lance une toute nouvelle série qui met à l’honneur les métiers de la maintenance et ses parcours parfois atypiques.
Dans ce premier épisode, Anthony Blanchard, responsable maintenance usinage à la FMGC (44), filiale de Farinia Group spécialisée dans la fonderie, nous raconte son parcours professionnel, et revient sur son expérience de VAE (validation des acquis de l’expérience).
Mobility Work : Pouvez-vous présenter de votre parcours scolaire ?
Anthony Blanchard : La question de mon parcours professionnel a pour la première fois été abordée auprès d’un conseiller d’orientation, car mes possibilités étaient relativement limitées du fait d’une scolarité chaotique. Après de nombreux échanges, j’ai finalement décidé d’opter pour un métier manuel, ce qui était assez mal vu à l’époque. J’ai ainsi obtenu mon diplôme CAP/BEP en maintenance industrielle en 1990.
J’aurais souhaité poursuivre mon parcours dans le but d’obtenir un BAC professionnel, mais cela n’a pas été le cas car je n’ai pas pu intégrer d’école. Je me suis donc lancé dans divers métiers pendant 4 ans, de tourneur à soudeur en passant par boucher, pareur ou encore éplucheur dans l’agroalimentaire. C’est en 1994 que j’ai choisis de reprendre mon métier de base, la maintenance. J’ai ainsi rejoint une société qui m’a permis d’intégrer un centre de formation par alternance durant 2 ans.
Pouvez-vous revenir brièvement sur vos différentes expériences professionnelles ?
De 1994 à 1999, j’ai travaillé en tant qu’électromécanicien au sein de l’entreprise SBC Automation, à Craon (53), spécialisée dans la conception de machines industrielles. J’ai ainsi été amené à réaliser des interventions de maintenance préventives et correctives pour l’industrie pharmaceutique, agroalimentaire, du carton ondulé, etc.
Puis j’ai ensuite été technicien de maintenance de 1999 à 2002 chez Méca Atlantique, à Noyal sur Brutz (44), entreprise spécialisée dans la mécanique de précision et l’usinage de grande dimension. J’ai ainsi été responsable maintenance usinage de l’ensemble du parc machines sur commande numérique.
J’ai ensuite intégré l’entreprise Carpenter à Craon, spécialisée dans la transformation de mousses d’emballage, en tant que technicien de maintenance de 2002 à 2007. J’étais en charge de la maintenance de l’ensemble du parc machines, de la remise en état complète de presses hydrauliques, de l’étude d’automatisme et son intégration, de la remise en conformité, et de l’amélioration des performances de production.
Enfin, j’ai rejoint en 2007 l’entreprise Euro Mécanique à Soudan (44) en tant que technicien de maintenance, spécialisée dans la mécanique de précision et l’usinage de contrepoids en fonte jusqu’à 20 tonnes. J’étais ainsi responsable maintenance usinage de l’ensemble du parc machines sur commande numérique et des bâtiments CN Num, Fanuc et Heidenaim. Suite à la fusion d’Euro Mécanique avec la fonderie FMGC, filiale de Farinia Group, j’ai conservé ce poste, avec quelques attributions supplémentaires, notamment liées à la mise en place et au paramétrage d’un logiciel de maintenance.
Je suis désormais responsable maintenance secteur usinage à la FMGC.
La GMAO Mobility Work aide les techniciens et équipes à planifier leurs tâches de maintenance industrielle
Pourquoi avez-vous choisi de faire une VAE ?
Mon objectif principal était de faire valider l’ensemble de mes compétences et connaissances acquises après de nombreuses années d’expérience par un diplôme d’état.
Il est important de comprendre qu’une VAE est un choix purement personnel. Le choix du diplôme doit correspondre aux compétences et connaissances acquises au cours de nombreuses années d’expérience. Ces compétences et connaissances s’inscrivent dans un référentiel, et doivent être expliquées et prouvées au moyen de projets décrits dans un mémoire, validé ou non par un jury composé d’experts du domaine de la maintenance. L’intitulé du diplôme que je visais était le suivant : « Licence professionnelle mention : Maintenance des systèmes pluritechniques – Spécialité : Management des services maintenance ». J’ai ainsi obtenu ce diplôme en juin 2016 grâce à une VAE, devant un jury à l’IUT de St Nazaire.
L’objectif de la licence est de former les cadres pouvant assurer des tâches de responsable maintenance usinage ou de chef d’équipe maintenance, et plus largement de service technique.
La formation s’attache à approfondir les savoirs scientifiques et technologiques, et à former aux pratiques de management, de gestion de projets, d’animation d’équipe, de méthodes liées aux études et procédés d’industrialisation, de diagnostic des systèmes, de gestion de l’environnement et de gestion des risques industriels.
Comment avez-vous vécu le fait de revenir à l’école ?
Il s’agissait pour moi d’un véritable challenge, car cette démarche nécessite un investissement personnel conséquent. Je me suis fait aider par l’IUT de St Nazaire sur une courte période, et sur 7 jours étalés sur un an. Je ne peux donc pas vraiment dire que je suis retourné sur les bancs de l’école.
Il est vrai par contre que je réalisais mon mémoire sur mon temps libre, en semaine, le week-end ou durant mes congés. C’est une charge de travail importante, mais qui en vaut la peine. Dans cette condition, il est primordial de s’isoler et de prendre le recul nécessaire.
Points forts et les points faibles de cette formation ?
Je ne citerais aucun point fort ou faible en particulier. Cette formation requiert avant tout une très grande motivation, et implique un important travail de rédaction afin de décrire votre parcours professionnel et scolaire.
On dit que le niveau des jeunes qui sortent de l’école a baissé, quel est votre avis sur le sujet ?
Ceci est un avis personnel, mais je dirais que le diplôme CAP/BEP que j’ai obtenu en 1990 correspond aujourd’hui à un BAC +1 ou +2. Aussi, peut-être serait-il judicieux que certaines personnes (techniques) de l’Éducation Nationale intègrent des formations au sein de nos industries afin de mieux connaître leur sujet et de transmettre des connaissances mieux adaptées à la nouvelle génération ?
Est-il difficile de trouver du personnel en maintenance ?
Nos métiers, manuels ou de terrain, sont dénigrés depuis de nombreuses années. Plus personne ne se dirige vers ces filières et nous en payons à ce jour les pots cassés. Ce constat ne concerne malheureusement pas que les métiers de la maintenance. Nous constatons néanmoins un certain retour vers nos métiers manuels : certains responsables de groupes industriels vont à la rencontre de cette jeunesse au sein de leurs établissements scolaires afin de promouvoir nos métiers certes difficiles, mais très intéressants.
Merci à M. Blanchard, responsable maintenance usinage pour son témoignage. Pour être alerté de notre prochain article dédié aux métiers de la maintenance, suivez nous sur nos réseaux sociaux !
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