Mobility Work met à l’honneur les métiers de la maintenance et ses parcours parfois atypiques. Pour ce nouvel épisode, Julien Audrain, technicien méthodes maintenance en Bretagne, chez Armor Protéines, s’est prêté au jeu. Au travers de ses sept sites implantés à travers toute la région Grand Ouest, l’entreprise (filiale d’un groupe leader de l’industrie laitière) est spécialisée depuis près de 35 ans dans le cracking du lait. Elle a fait le pari de l’innovation pour rester au fait des dernières technologies et diversifier son offre.
Julien Audrain a bien voulu nous détailler son parcours et évoquer les raisons de sa motivation à travailler dans le milieu de la maintenance industrielle : héritage familial, perspectives d’évolution, débouchés prometteurs… Selon lui, cet univers est plein de ressources et offre des opportunités intéressantes.
Mobility Work : « Pouvez-vous vous présenter et nous parler de votre parcours scolaire ?
Je m’appelle Julien Audrain et je suis technicien méthodes chez Armor Protéines (en Ille-et-Vilaine). Mon parcours a commencé par un baccalauréat professionnel à Fougères, orienté électrotechnique et électricité.
Pendant cette formation j’ai effectué différents stages dans le domaine de l’électricité industrielle et de bâtiment. Au cours de l’un deux, on m’a proposé un poste d’alternant à condition que j’obtienne mon baccalauréat. J’ai donc, avec la Chambre de commerce et d’industrie du pays de Fougères, pu me diriger vers un BTS maintenance industrielle en alternance dans l’entreprise Armor Protéines de 2007 à 2009.
Après ce BTS, l’entreprise a souhaité m’embaucher en tant que technicien de maintenance. Désormais, je remplace depuis 2017 le technicien méthodes qui est parti à la retraite. Je suis donc toujours dans la même structure et y ai effectué un véritable parcours, de mon bac professionnel en passant par une alternance de BTS pour en arriver là où j’en suis aujourd’hui.
Comment en êtes-vous venu à travailler dans le domaine de la maintenance industrielle ?
J’ai toujours aimé le travail manuel, le bricolage… Je dois préciser que mon père est responsable maintenance et que mon grand-père était menuisier donc j’ai pour ainsi dire toujours baigné dans ce milieu manuel. J’étais en parallèle très intéressé par le monde industriel et les opportunités qu’il offre.
Quels sont, selon vous, les points forts et les faiblesses de votre BTS ?
Pour ce qui est des points forts, je serais tenté de parler de l’alternance. Cela m’a vraiment aidé à avoir une vision précise de ce qu’était le monde du travail avant d’y entrer officiellement. Les étudiants en ont une première bonne approche à l’école mais les choses sont différentes et forcément bien plus concrètes sur le terrain. On se rend mieux compte de l’interaction avec les techniciens de maintenance, des méthodes de travail, des procédés utilisés pour démonter les machines… C’est quand même bien plus parlant que sur papier ou en vidéo.
Le seul vrai point faible serait peut-être que la théorie apprise en cours ne peut pas toujours être appliquée sur le terrain, en fonction des secteurs d’activité des entreprises (agroalimentaire, métallurgie, etc.). Les étudiants apprennent en effet la maintenance industrielle mais cela reste un domaine très vaste dont l’application varie en fonction de l’industrie et des possibilités sur le lieu de travail.
Selon moi, il n’y a pas véritablement de gros point fort ou faible, cela reste avant tout une très bonne expérience, qui rend les choses concrètes. Il faut savoir saisir les opportunités : pour reprendre mon exemple, j’ai tout de suite pu être embauché après mon BTS. Si j’avais suivi un cursus en formation continue, je n’aurais sûrement pas trouvé aussi facilement, d’autant que les employeurs demandent souvent aux candidats une expérience de deux à trois ans minimum, que j’ai précisément pu acquérir grâce à ma formation.
Au-delà de ça, j’imagine que les étudiants qui souhaitent continuer leurs études après un BTS en alternance pour par exemple s’orienter vers une licence ou une école d’ingénieur sont parfois tentés d’entrer directement sur le marché du travail car ils en ont eu une vraie première approche.
Comment expliquez-vous que les jeunes soient de moins en moins attirés par cette filière ?
Je pense que c’est un tout. Les parents ont encore aujourd’hui davantage tendance à orienter leurs enfants vers les longues études, à vouloir les voir travailler dans des bureaux, car cela est synonyme, dans l’imaginaire collectif, d’une meilleure situation professionnelle.
Cette idée préconçue est d’autant plus vraie que, lorsque l’on pense à la maintenance industrielle, on se représente systématiquement un technicien en bleu de travail, sali par la graisse et les huiles… Il faut plutôt les imaginer comme des employés qui doivent utiliser leurs capacités de réflexion pour améliorer les process, les conditions de travail, les méthodes employées et qui sont finalement un véritable support de la production !
Le technicien doit certes être capable de réparer une machine le plus rapidement possible, mais il doit aussi savoir jongler avec divers interlocuteurs : la qualité, la sécurité… Les profils de techniciens de maintenance, techniciens méthodes voire responsables maintenance sont en constante évolution et bien plus complets qu’on ne pourrait le penser.
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Quelle est la principale difficulté à laquelle vous avez été confronté durant votre parcours scolaire ?
À vrai dire, je n’ai pas rencontré de difficulté particulièrement pénalisante. Là où j’ai rencontré quelques obstacles lors de mon BTS, c’est lorsque je me suis retrouvé avec des personnes qui avaient un baccalauréat en maintenance mécanique et donc des connaissances abouties alors que je venais d’un cursus différent. J’ai dû rattraper mon retard sur ces sujets-là, mais c’est une situation à double tranchant puisque j’étais de mon côté très à l’aise en électricité grâce à mon bac, contrairement aux autres.
En règle générale, chaque personne a des difficultés sur certains sujets, et des facilités et de véritables atouts sur d’autres. Le tout, c’est de bien choisir sa voie au départ.
Pourquoi avoir choisi la voie de l’apprentissage ?
J’ai décidé de me tourner vers cette voie pendant mon bac professionnel, au moment où m’a directement proposé un poste d’apprenti. En plus de tous les avantages cités ci-dessus, la perspective de percevoir un salaire chaque mois alors qu’on a 18 ans et qu’on va encore à l’école est très alléchante, il faut être honnête. Cela permet de gagner en autonomie et en maturité.
Quelle est la principale difficulté rencontrée quand vous étiez en entreprise ?
Globalement, tout s’est très bien passé et j’ai eu une vraie bonne expérience puisqu’au lieu d’être affecté à une seule personne lorsque je suis arrivée dans l’entreprise, j’ai été véritablement intégré dans le service, progressivement on m’a laissé travailler en autonomie. J’ai en effet pu observer différentes méthodes de travail, voir comme chacun procédait, apprendre par moi-même… Je n’ai pas eu de mauvaises surprises par rapport à tout ce que j’avais entendu sur le monde du travail, j’y étais au contraire très bien préparé.
Auriez-vous un dernier conseil à donner à ceux qui souhaitent opter pour une filière dans la maintenance industrielle ?
Je pense qu’il ne faut pas s’arrêter aux préjugés qui circulent souvent sur la maintenance industrielle de premier niveau mais plutôt avoir une vision à long terme. Si un technicien de maintenance souhaite évoluer, c’est tout à fait possible de s’en donner les moyens et d’y parvenir.
Lorsque l’on opte pour la maintenance industrielle, la palette d’activités possibles est très vaste : on peut choisir de se diriger vers les travaux neufs, le bureau d’études… Ce milieu est loin d’être fermé, il offre au contraire une multitude de débouchés ! On constate en plus une forte demande dans tous les secteurs et le milieu de la maintenance industrielle à proprement parler est assez ouvert. Il y a énormément d’opportunités à saisir. »
Merci à M. Audrain pour son témoignage. Pour être alertés de notre prochain article dédié aux métiers et formations de la maintenance, suivez-nous sur nos réseaux sociaux (LinkedIn, Facebook et Twitter) !