D’après les chiffres de l’Insee, seulement 30 % des postes du secteur de l’industrie sont occupés par des femmes. Ce domaine compte parmi ceux considérés comme plus « masculins », si bien que les femmes peinent traditionnellement à y trouver leur place. Cependant, au cours des dernières décennies, celles-ci ont su progressivement s’imposer dans certaines branches, y compris dans le monde de la maintenance industrielle.
On notera une ascension toujours trop lente des femmes vers les postes à responsabilités, tandis que les secteurs industriels très spécialisés sont toujours presque essentiellement masculins. Nous avons donc voulu laisser la parole aux femmes qui travaillent au quotidien dans ces milieux afin de comprendre leur environnement de travail, de leur permettre de nous présenter leur métier et de connaître leur sentiment. Si les clichés ont souvent la vie dure, elles véhiculent toutes un message très positif !
Une intégration plutôt réussie en entreprise
Si l’on pouvait s’attendre à ce que l’intégration dans un environnement presque exclusivement masculin soit très difficile, la réalité est toute autre. Une grande majorité d’entre elles ne ressentent pas de différence de traitement de la part de leurs collègues hommes et ont très vite été acceptées dans leur équipe. L’intégration serait même plus facile qu’avec des femmes !
Quand les personnes interrogées parlent des différences qu’elles observent, elles les évoquent toutes en des termes positifs, à l’image de Christelle Lorillou, actuellement en mission d’intérim chez Vinci Facilities : « Les hommes ont tendance à être plus gentils avec moi qu’entre eux. Ils sont aussi plus galants, plus respectueux dans leur façon de parler et moins vulgaires ». Certains employés auront tendance à être plus à l’écoute, d’autres au contraire resteront assez indifférents, preuve que les différences de genre ne sont pas un obstacle.
Quelques unes des femmes interrogées expliquent qu’elles ont parfois adapté leur comportement au début pour bien s’intégrer à l’équipe et se faire accepter, comme en témoigne cette employée chez Nespresso : « Lorsque je suis arrivée dans l’entreprise, et sans vouloir absolument me comporter comme un garçon manqué, j’ai voulu rester très ferme par rapport au cadre de travail, aux blagues déplacées, à la drague… Je fais moi-même attention à mes propos pour éviter qu’ils ne soient mal interprétés. Une fois qu’on connaît mieux ses collègues on peut se radoucir, mais il faut rester vigilante ».
Angélique Barbedette, technicienne de maintenance chez Sanofi, précise qu’elle « fai[t] souvent attention à ce qu’elle dit ou fait car certains hommes peuvent l’interpréter comme de la drague ». Christelle Lorillou ajoute : « Je reste juste moi-même, même si je garde au départ un certain sérieux. Une fois intégrée et mes compétences prouvées, je reviens un peu plus à mon naturel et échange énormément avec mes collègues ». Une autre femme interrogée plaisante même : « Maintenant, ceux qui rapportent des croissants le matin me prennent même des pains aux raisins en plus, car c’est mon péché mignon ! ».
Qui a dit que les métiers industriels étaient des métiers d’hommes ?
Les femmes ont beau être minoritaires dans le milieu, elles n’en sont pas moins passionnées par ce qu’elles font. Parmis celles interrogées, la majorité ont découvert leur intérêt pour la maintenance lors de leurs études, aussi bien au collège qu’au lycée ou plus tard. Qu’elles aient souhaité comprendre pourquoi une machine pouvait être défaillante, démonter et remonter du matériel pour voir ce qu’il y avait à l’intérieur et comprendre les mécanismes ou encore qu’elles aient toujours été manuelles et bricoleuses, elles ont toutes poursuivi dans cette voie et fait fi des difficultés potentiellement liées à leur genre.
En effet, une enquête réalisée en 2016 par l’association Elles bougent auprès de 1000 jeunes filles et en partenariat avec le CSA prouvait notamment qu’elles s’intéressaient davantage aux secteurs médical, paramédical, du luxe ou encore des médias qu’à ceux de la robotique, du numérique, de l’automobile ou de l’aéronautique, préférés par les garçons.
Pourtant, les femmes interrogées sont la preuve vivante que la maintenance industrielle n’est pas qu’une affaire d’hommes. Mieux présentées et mises en valeur auprès des jeunes filles, ces vocations peuvent être révélatrices, c’est d’ailleurs ce que prouve l’enquête menée par l’association, puisque 63 % des étudiantes sondées considèrent que les entreprises du secteur industriel ne valorisent pas assez les femmes. L’intérêt pour un domaine ou un sujet donné ne dépend pas du genre de la personne et il y a autant de raisons d’aimer ces métiers que d’individus.
Les femmes interrogées évoquent le caractère imprévisible de leur profession (aucune journée ne se ressemble), les relations avec leurs collègues et la cohésion du groupe (essentielle pour effectuer un travail de qualité), le fait de pouvoir apporter une vision différente de celle des hommes… L’une d’entre elle illustre même son propos : « En réparant ce qui est cassé, on est un peu les super-héros des machines ! Finalement, en rendant ainsi service aux gens, on se sent extrêmement valorisés ».
Pourquoi la présence des femmes dans la maintenance industrielle est essentielle
Les femmes interrogées sont unanimes : avoir une présence féminine dans une équipe de maintenance industrielle présente un grand nombre d’avantages. L’une d’entre elles, employée chez Sandvik, affirme que « le relationnel est meilleur avec des hommes, cela permet surtout un échange sur les façons de penser, de créer et de procéder qui sont complémentaires ».
Employée chez Nespresso, cette technicienne raconte : « En général, les hommes sont plus prévenants, ils parlent plus facilement de leurs ressentis concernant leur travail et se permettent moins d’écarts de langage ou de comportement. Dans toutes les équipes avec lesquelles j’ai été amenée à travailler, il a été reconnu qu’une présence féminine dans une équipe masculine aide à canaliser les esprits. Les doutes potentiellement émis quant à mes compétences disparaissent dès que j’ai fait mes preuves ».
Les mentalités sont prêtes à évoluer, comme tient à le rappeler cette ancienne employée du groupe Electrolux : « Les hommes avec lesquels je travaillais m’ont toujours considérée comme l’une des leurs, un peu comme si j’étais un homme mais en amenant une autre approche de la maintenance industrielle ». Un témoignage corroboré par Christelle Lorillou : « Avec les années, les hommes de la maintenance apprécient de plus en plus le fait que des femmes trouvent leur place. Les temps changent, et il suffit de faire ses preuves pour comprendre que, cette coopération, c’est juste du bonheur. J’encourage toutes les jeunes femmes à s’affirmer et à aller vers ces métiers. La motivation doit être notre seul moteur : il ne faut pas écouter les mauvaises langues, c’est à nous de choisir notre voie ».
Un sexisme toujours bien ancré dans les mentalités
Bien que toutes les personnes sondées expriment leur enthousiasme à propos de l’évolution des mentalités qu’elles constatent au quotidien dans leurs entreprises, certaines tempèrent malgré tout leurs propos et déplorent le sexisme ambiant qu’elles ressentent souvent dans leur entourage ou dans le monde professionnel plus large. Myriam Marzolf, technicienne méthodes maintenance chez Fédéral Mogul Valvetrain (67), explique : « Il arrive qu’on me fasse des remarques sur mon choix de métier, réputé masculin. Ce sont surtout les employeurs qui se le permettent. Lors d’une recherche d’emploi, on se heurte encore énormément à des refus simplement à cause de notre genre ».
Les anecdotes fleurissent et sont parfois assez affligeantes : « Un jour, je me suis présentée à un entretien d’embauche pour un poste de technicienne. Le patron, à la carrière bien avancée, me reçoit. Il ne s’attendait pas à ce que le candidat soit une femme : il était très gêné et m’a expliqué qu’il ne s’était pas occupé de la présélection, avant de me proposer un poste de secrétaire plutôt que de technicienne. Mon essai de deux semaines s’est finalement avéré non concluant. Je n’ai pas supporté l’ambiance ». Cet autre témoignage est symptomatique des idées reçues qui ont tendance à perdurer : « Une fois, une cliente m’a demandé, très sérieusement, quel pouvait bien être le dysfonctionnement de ma relation paternelle pour que j’en vienne à faire ce travail… Impossible de lui faire comprendre que c’était un choix ! C’était un peu insultant ».
Ces réalités sont malheureusement monnaie courante, comme le prouve le chiffre suivant publié dans l’enquête menée pour l’association Elles bougent : 61 % des ingénieures interrogées ont déjà été victimes de discrimination dans le monde du travail en raison de leur genre, et 56 % des étudiantes sont convaincues qu’elles le seront quand elles travailleront en entreprise juste parce qu’elles sont des femmes. Comment leur donner envie d’accéder aux carrières traditionnellement réservées aux hommes si l’on ne diffuse pas un message positif et bienveillant auprès de cette audience ?
Redorer l’image des métiers industriels auprès du public féminin
Nous avons déjà vu que les jeunes filles se dirigent instinctivement plutôt vers certains secteurs spécifiques, tels que le médical ou paramédical, le luxe ou encore les médias. Pour les encourager et susciter des vocations, il convient de mieux leur présenter l’éventail des possibilités qu’offre le milieu de la maintenance industrielle.
L’enquête susmentionnée prouve par exemple que 84 % des étudiantes reconnaissant manquer de connaissances sur ces métiers et ne disposent pas de toutes les informations dont elles pourraient avoir besoin pour choisir leur orientation. Tous ces chiffres prouvent l’importance d’avoir des modèles pour faire des choix éclairés. Si les étudiantes peuvent s’identifier à des figures féminines qui réussissent dans ce milieu et qui partagent leur expérience, elles auront nettement plus de chances de faire leur place dans l’industrie.
Les mentalités évoluent
Le sondage que nous avons réalisé montre que les femmes de la maintenance font bouger les choses et ont à cœur de faire évoluer les mentalités. Christelle Lorillou explique : « Comme les gens n’ont pas assez l’habitude de voir des femmes dans ce métier, j’en parle beaucoup dès que j’en ai l’occasion pour changer le regard des gens. Cela n’étonne pas du tout les personnes qui me connaissent bien car elle savent que j’ai tout à fait le caractère qui colle à ce métier ».
C’est bien sûr en communiquant et en expliquant qu’on normalise les choses et qu’elles deviennent progressivement naturelles. Une autre femme précise même : « Presque tous les jours des femmes me remercient de faire avancer notre société, m’expliquent qu’elles auraient aimé faire la même chose… Des hommes s’étonnent et en règle générale personne ne reste indifférent. Il faut savoir rester disponible et accepter toutes ces discussions ».
D’autres organismes profitent de leur influence pour faire bouger les choses. C’est le cas de l’association Elles bougent, créée en 2005, qui cherche notamment à motiver les jeunes filles à se tourner vers les métiers industriels et à susciter des vocations. Elle veut prouver que ces emplois traditionnellement considérés comme plutôt masculins n’ont aucune raison de l’être mais que les femmes ont bel et bien leur place. Au travers d’événements et de rencontres en tous genres, le champ des possibles s’élargit progressivement !
Bien que le milieu de la maintenance industrielle semble de prime abord essentiellement réservé aux hommes, les femmes qui œuvrent dans ce milieu prouvent qu’elles ont tout autant les capacités que leurs collègues masculins pour réussir et faire petit à petit évoluer la société. Le manque d’effectifs dans la maintenance industrielle n’est un secret pour personne : le secteur connaît de fortes difficultés à recruter, ces métiers souffrent d’une image assez négative et peu de jeunes sont prêts à se lancer. La population des techniciens de maintenance est plutôt vieillissante et ce secteur peine à attirer de nouveaux profils jeunes.
Alors même que l’on a conscience de toutes ces difficultés, et que les témoignages d’étudiantes déplorant les remarques sexistes et décourageantes qu’elles ont subies se multiplient, est-il vraiment judicieux de continuer à davantage encourager les garçons que les filles ? On sait également que les filières professionnelles sont très peu mises en avant, on leur prête bien trop souvent une réputation moyenne, pourtant elles forment des profils qualifiés qui peuvent répondre aux besoins grandissants du marché de l’emploi industriel. Il est temps de changer les mentalités et d’évoluer vers un modèle plus décomplexé.
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Pour aider les entreprises à faire leur transition vers l’industrie 4.0 et moderniser leur image, il existe de nombreux outils. Le secteur se transforme et est en pleine mutation : les usines ont désormais recours à des logiciels de GMAO intuitifs et nouvelle génération comme Mobility Work, preuve qu’une maintenance d’un nouveau genre est possible ! C’est en choisissant de mettre en place des outils intelligents que le secteur attirera de nouveaux profils. Mobility Work, plateforme de GMAO et premier réseau social entièrement dédié à la maintenance industrielle, donne la possibilité aux entreprises de révolutionner le secteur et de bouleverser les idées reçues !